Aïkidô en France : données fédérales en 2016

Dans un long billet en deux parties, précédemment publié dans le magazine Dragon spécial aïkidô il y a quelques mois, je faisais état de l’évolution démographique de cette discipline en France. Et comme chaque année, à l’occasion de la publication des statistiques des fédérations françaises délégataires ou agréées par le Ministère des sports, j’en ai profité pour jeter un coup d’œil aux deux lignes (mais aussi aux autres) concernant la discipline par rubrique. Et plusieurs faits intéressants semblent émerger, ou se confirmer.

Des faits « bruts »

Les premières données disponibles, ceux des licences et autres titres de participation (ATP), concernant les fédérations agréées pour l’aïkidô sont une augmentation des effectifs de 0,8 % pour la FFAAA et de 4,7 % pour la FFAB. Soit un passage de 27464 à 27685 licenciés pour la première (pas de mention d’ATP), et de 25872 licenciés à 26591 licenciés plus 489 ATP pour la seconde. Les ATP étant, selon la définition du ministère, définis comme : Toute autre forme d’adhésion que la licence, le plus souvent dans le cadre d’une pratique ponctuelle ou de courte durée, est considérée comme un « Autre Titre de Participation » (ATP). De fait, sans comptabilisation de ces ATP, l’augmentation est réduite à 2,7 %, soit 719 licenciés de plus.

La deuxième comparaison intéressante est l’évolution globale des pratiquants (licences) par sexe. On constate donc, pour la FFAAA : perte de 43 pratiquants au total (19862 à 19819). Le gain est donc uniquement féminin, de 264 pratiquantes (7602 à 7866). Du côté de la FFAB, on constate une croissance de 191 pratiquants (19191 à 19342), et de 568 pratiquantes (de 6681 à 7249). La croissance des effectifs de l’aïkidô « UFA » est donc essentiellement féminine. Enfin la troisième est l’évolution du nombre de clubs. Dans les deux fédérations, on peut observer une croissance nette, de 10 pour la FFAAA et de 14 pour la FFAB.

Les fédérations d’aïkidô présentent donc, au niveau « macro », une croissance nette pour 2016, ce qui est aussi globalement le cas pour l’ensemble des fédérations de sports de combat et d’arts martiaux (FFSCAM) – à l’exception notable de la F(F)AEMC.

Dans le détail, avec commentaires

Chacune des observations ci-dessus peut être considérée un peu plus finement, les données communiquées par le ministère (ou les fédérations) le permettant. La première considération à produire est de comparer la croissance affichée par rapport aux autres FFSCAM. Et encore une fois, en terme de croissance pure de licenciés, les fédérations d’aïkidô ne se situent pas aussi bien que l’on pourrait le croire. A l’exception notable de la F(F)AEMC qui est en décroissance nette, le nombre de licenciés gagnés en cette année post-olympique est plutôt faible par rapport aux autres : moins de 1000 nouveaux licenciés au total. Seule la FFTDA, en charge du taekwondo olympique, affiche un résultat plus médiocre, eut égard à sa taille.

Deux remarques supplémentaires (qui n’excluent pas de tels mouvements pour d’autres fédérations) peuvent être faites. La première remarque est qu’il s’agit de la première année depuis 2005 qu’apparaissent des ATP dans le décompte des participations des fédérations agréées pour l’aïkidô. La FFAB avait fait état d’ATP pour les années 2002 (124), 2003 (170) et 2004 (127). La deuxième est qu’en 2015 et 2016, la FFAB a « absorbé » des pratiquants de groupes auparavant « autonomes » (DIRAF, par exemple :  12 dojos affichés sur leur site) qui s’est donc traduit à la fois par une augmentation du nombre de clubs et de pratiquants automatique. A priori (si l’on regarde les statistiques « clubs », par exemple), selon la tendance de 2012 à 2015, ce report se ferait essentiellement sur les chiffres 2016.

La comparaison des licenciés par tranches d’âge (qu’elle soit globale ou par sexe) sur les années 2015 et 2016 montre que les fédérations recrutent sur deux créneaux essentiellement. D’une part, sur une plage enfants et pré-adolescents (0 à 14 ans), et plus de 45 ans, d’autre part. Le créneau 15 à 44 est en perte nette de pratiquants. La variation entre 2014 et 2015 va dans le même sens global pour les catégories d’âge les plus élevées (50 ans et plus en croissance). Cet état des lieux est une traduction directe de la désaffection des pratiques proposées par les fédérations auprès des « jeunes », et donc de futurs cadres potentiels de la discipline. On peut légitimement considérer que les licenciés dans les classes d’âges basses (y compris de 0 à 4 ans !) ne sont pas des choix d’adhésion et qu’il sera difficile de rattraper les jeunes licenciés (par adhésion) une fois la pratique abandonnée. Il est à noter que d’autres fédérations (FFB, par exemple) parviennent à faire progresser leur nombre de licenciés sur ces classes d’âges médianes en même temps que les autres. Rajoutons que de manière globale, la FFAAA présente un effectif « plus jeune » que la FFAB.

Conclusion et questions

De manière générale, et malgré la progression du nombre de licenciés pour les deux fédérations, une première depuis quelques années, les statistiques restent inquiétantes pour l’aïkidô en France (je reste sur la position adoptée dans mon précédent article, faisant des fédérations une représentation moyenne de la discipline), et parfois « étranges » (comment expliquer cet afflux de femmes par rapport aux hommes ?). Cette nouvelle année (statistique) ne marque pas de rupture avec le vieillissement constaté de la population de pratiquants, et malheureusement, la perte de licenciés dans les classes d’âges médianes ne semble pas s’endiguer. Le constat reste le même : l’aïkidô n’est pas attractif pour nombre de pratiquants potentiels qui vont vers d’autres pratiques (les boxes en particulier, si l’on en croit les chiffres).

Les questions, ou plutôt, la question centrale reste la même : comment le rendre de nouveau attractif ? Et comment les fédérations doivent participer à ce renouveau ? Je ne peux que conseiller de lire les articles sur ce sujet publiés dans le dernier numéro de Dragon spécial aïkidô (le n°17), et en particulier ceux que j’ai pu conseiller à sa sortie.

 

A propos G.

Pratiquant lambda.
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