Si lorsque l’on parle de littérature liée à l’aïkidô, le livre de Jean Zin (et Tadashi Abe), « Aiki-do », vient souvent dans un premier temps à l’esprit des amateurs de ce type d’ouvrages, il fut néanmoins précédé en langue française par un autre ouvrage, « Ma méthode d’aikido jiu jitsu », adaptation par Jim Alcheik (1931-1962) de la version japonaise de Minoru Mochizuki (1907-2003), parue en 1956 (?). Outre son statut de premier pionnier en langue française, il présente d’autres caractéristiques qui en font un incontournable du genre.
Tout d’abord, il est construit de manière opposée à « Aiki-do », en ce que l’auteur est Minoru Mochizuki (déjà en tant que président du Yoseikan), et non Jim Alcheik, qui assure seulement une adaptation, alors que Jean Zin écrit sous la supervision de Tadashi Abe. Il s’agit également d’une œuvre adaptée, et non originale, d’une publication japonaise qui – à lire les préfaces – semble être estimée dans une mouvance d’auto-défense, écrite à l’origine par une figure majeure des arts martiaux japonais du XXe siècle (et de l’aïkidô en particulier), reconnue comme telle de son vivant. Enfin, bien que couvrant 120 pages (couvertures incluses), le texte non-dédié à la pratique est relativement restreint (p.3 à 10, et deux pages publicitaires en fin de livre).
Le contenu
L’ouvrage compte, en tout, 120 pages. Il est donc essentiellement dédié à la pratique, décrite essentiellement par le biais du texte et de la photo (tori : Minoru Mochizuki), agrémenté de quelques dessins et schémas pour une meilleure compréhension. Le volet technique peut être considéré comme étant divisé en deux parties : premièrement, une partie plutôt dédiée à l’avant-cours (échauffement du dos, par exemple) et à sa préparation physique, avec quelques exercices basés sur des frappes, en duo ou solo (particulièrement un travail des jambes, p.16 et 17). A noter que le travail des frappes au poing (atemi te waza) est abordé assez rapidement en fin de volume (p.109-111). Deux points importants, non présents dans « Aiki-Do », sont considérés après ce travail, à partir de la page 18 : le travail au sol, accroupi (suwari waza), et les dégagements (te hodoki). Le suwari waza (P.19-21) est considéré comme purement éducatif, avec pour objectif la recherche du déséquilibre dans des « positions peu commodes » (pour reprendre l’expression de l’auteur ou du traducteur ?). Les te hodoki (p.22-25), au nombre de 4 ici, sont un élément que l’on retrouve dans plusieurs pratiques issues de celle de Minoru Mochizuki (Aïkibudô, par exemple). Ces dégagements sont démontrés sur plusieurs saisies, et constituent un panel visant à la « prise de contact avec votre partenaire ».

Minoru Mochizuki effectuant kote gaeshi (saisie initiale mae ryote dori). Uke : Jim Alcheik (?). Tiré de « Ma méthode d’aikido jiu jitsu »(1956), p.35.
Les pages suivantes (p.26 à 29) sont plus succinctes et concernent, dans l’ordre, la garde (kamae), la marche (araku) et le descriptif par des photographies des quinze attaques utilisées pour les descriptifs techniques exposés à partir de la page 30. Y sont abordés (je reprends l’orthographe utilisée) : kote gaeshi, shiho nage, yuki chigae, tembim nage et (ha)tchi mawashi (hachi mawashi) sur tout ou partie des attaques précédemment décrites.
Le passage qui, à mon sens, détone le plus dans ce livre est celui sur le dô, en raison de son aspect parabolique. Il se trouve également être quasiment le seul passage où sont évoqués deux budô, le jûdô et le kendô, en comparaison de l’aïkidô. Et encore il s’agit plutôt d’essayer de faire comprendre cette notion de dô que de réellement comparer les « chemins » (dô) en question.
En conclusion
L’ouvrage est donc plus « condensé » que celui de Jean Zin, plus centré sur la pratique et se présente donc comme moins « publicitaire » pour l’aïkidô. On peut sans trop se tromper postuler que cette forme est imputable à une publication au Japon en premier lieu, et à sa rédaction par Minoru Mochizuki. Les argumentaires autour de la discipline (médicaux, ou de supériorité par rapport à une autre) n’ont pas vraiment lieu d’être, l’auteur étant lui-même très haut gradé dans plusieurs styles et reconnu par ses pairs (cf. la photo p.9, présentant une assemblée tenue au Yoseikan où l’on peut voir Morihei Ueshiba, avec pour partie de la légende : « Cette photo explique clairement pourquoi le Yoseikan fut fermé par les Américains »), et certaines notions étant visiblement considérées comme implicitement comprises par le public nippon initialement visé.
Ce livre est, à l’instar de « Aiki-do », un document que tout bibliophile « martial » se doit d’avoir au moins parcouru. Témoin imprimé des premiers efforts de diffusion massive d’une discipline par un de ses plus illustres noms, adapté par une des figures clés des arts martiaux français des années 1960, son intérêt découle à la fois de son statut de premier livre du genre en France (et sans doute au Japon), mais également des traits caractéristiques de l’héritage martiale de Minoru Mochizuki.
Un ouvrage que je n’arrive malheureusement pas à avoir 😦
Merci pour le partage.
Lionel
On peut parfois, si on le cherche bien, mettre la main dessus ;), bonne chance !
Bonjour, êtes vous toujours à la recherche du livre d’aikido par Minoru Mochizuki adaptée par Jim Alcheik ?
bonjour concernant le livre que vous evoquez il en existe 80 exemplaires et pour en acquerir un cela coutes cher le dernier que j ai vu passer c’est vendu plus de 600 €
Il en existe certainement plus… Mais en avoir un exemplaire n’est sûrement pas donné (j’ai vu un autre livre de cette époque à plus de 150 €, moins rare certes).
Bonsoir à vous amis (ies) pratiquants d arts martiaux..ce petit mot juste pour dire que…Et bien moi je l ai !!! J ai eu la chance de pouvoir me le procurer il y a de ça une bonne vingtaine d année et dans un état admirable de conservation malgré toutes ces années qu il aura vu défiler.
Bonjour à tous,
suite aux messages précédents, je vous informe que je vends l’édition originale du livre de Minoru Mochizuki – Ma méthode d’aikido jiu-jitsu, adapté par Jim Alcheik et édité chez institut international-1955. Il est en bon état, numéroté (n°29/100) et signé de sa main. 111 pages.
Pour plus d’informations, vous pouvez me contacter par mail andalipaul8@gmail.com ou téléphone 0611831523. Bien à vous. Paul
il existe 2 versions de ce livre. L’une avec une couverture noire, l’autre avec une couverture bleue. Et il semblerait qu’il y ai d’infimes différences entre les 2….
Personnellement, je n’ai jamais eu la chance d’avoir de version « papier » en main. Merci pour cette information !