Kenpô, kempô : histoire(s) d’en parler

Couverture du livre « Kenpô – fragments d’une histoire inconnue » (1995)

Le kenpô/kempô, qu’est-ce que c’est ? C’est une question que je me posais depuis un certain temps, depuis que j’avais commencé à consulter les divers dictionnaires, encyclopédies et revues consacrés aux arts martiaux et sports de combat. Le terme y revenait assez fréquemment, souvent en association au terme « karaté ». Cependant, même avec les indications données, à savoir que le nom désigne un ensemble de pratiques construites sur une base pieds-poings incluant des projections, clés, etc., et que l’orthographe de la transcription variait selon le parcours géographique (n ou m), se faire une idée plus précise reste difficile…

Le seul livre français qui, à ma connaissance, donne un aperçu global sur ce que recouvre le(s) terme(s) est « Kenpô – fragments d’une histoire inconnue » de Patrick Lombardo, publié aux éditions Budostore en 1995. L’auteur est un personnage assez connu du milieu des sports de combat et des arts martiaux, en raison de son activité journalistique dans ce contexte, de compétiteur, organisateur de tournois, et, comme il le souligne lui-même, un des pionniers du kenpô en France (il en fut un des responsables fédéraux) et créateur du pankido.

Le contenu

L’ouvrage de 127 pages, comme indiqué dès la préface de Thierry Plée, est de (dé)montrer la spécificité du kenpô (j’utiliserai cette orthographe par la suite pour la désignation globale) en tant qu’ensemble de disciplines par rapport à d’autres, et en particulier des karatés. Il s’articule en deux parties principales : la première et la plus importante étant consacrée à l’histoire générale du kenpô (pp. 13 à 92), la deuxième à définir le kenpô et discuter de son contenu technique (pp. 93 à 109). La troisième partie consiste en des annexes. Dans la première partie, le choix (très pertinent à mon sens) de l’auteur est de proposer une description chronologique et par branche géographique, qui présente à la fois les grandes figures de la discipline (C. Motobu, J. Mitose, W.K.S. Chow, Ed. Parker, A. Emperado pour ne citer qu’eux), la diaspora et l’évolution du kenpô à partir de l’île d’Okinawa, tout en mentionnant l’importance (non négligeable) de la branche japonaise et en proposant un historique de ce que l’auteur qualifie de branche française du kenpô, essentiellement vue au travers du filtre de son expérience propre, passant donc d’un travail historique à un travail de témoignage.

La deuxième grande partie devait pour moi apporter les réponses aux questions que je me posais, d’autant plus que P. Lombardo avait bien pris le soin de rappeler (p.16 et suivante) que le terme de kenpô fut fréquemment utilisé dans l’histoire du karaté (par exemple par les maîtres Funakoshi, Motobu ou Mabuni, pour ne citer qu’eux), et même au-delà, comme ce fut également le cas pour des termes comme karaté, kung-fu ou « ju-jitsu ». De fait, les éléments – étayés par des témoignages de pratiquants – présentés auraient (à mon sens) pu être avancés sans être trop modifiés par des pratiquants d’autres disciplines. L’interrogation sur les spécificités du kenpô (et spécifiquement des styles d’origine okinawaïenne) par rapport au karaté (par exemple) reste posée.

En conclusion

Kenpô – fragments d’une histoire inconnue est le premier livre (à ma connaissance, encore une fois) traitant du kenpô et, rien que par cette considération, mérite au moins la consultation. Cependant, il ne s’arrête pas à ce statut de pionnier, et bien que reprenant des éléments et témoignages déjà produits dans le Dictionnaire encyclopédique des arts martiaux du même auteur (SEM, 1993), les points historiques présents permettent de suivre le développement à partir d’Okinawa de ce « petit frère » des karatés. Cependant, quelques défauts se manifestent, en particulier le peu de développement sur la branche japonaise (comparé aux autres branches présentées) et l’absence de démarcation claire technique ou historique, par rapport à d’autres disciplines, du kenpô. Au final, un ouvrage qui peut sans souci figurer dans une bibliothèque « martiale », à charge pour le curieux de compléter ses informations par d’autres (rares) ouvrages et autres films.

A propos G.

Pratiquant lambda.
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2 commentaires pour Kenpô, kempô : histoire(s) d’en parler

  1. Jack dit :

    Hello
    Le terme Kenpô est très vaste… car il regroupe:
    le kenpô (剣法) alias « méthodes de sabre » comme dans Suiô-ryû Iai Kenpô (水鷗流 居合 剣法) qui est une koryû
    le kenpô (拳法) alias « méthodes de poing » comme dans Shôrinji kenpô (少林寺拳法) ou Nippon Kenpô (日本拳法), créé par Sawayama Masaru Muneumi.

    Du coup kenpô ne signifie par forcément « boxe » (méthode de poing). Mais peut aussi désigner l’escrime. D’où les problème de la romanisation des termes japonais… qui introduisent souvent des méconnaissances.

    Sinon je n’ai pas lu le livre, mais ton article donne envie d’en parler 🙂

    Merci beaucoup…
    Amicalement
    Jack

    • G. dit :

      Tout à fait exact, et j’aurais dû le souligner.
      Le livre traite bien des « méthodes de poing », comme tu l’as bien compris, et non d’escrime. Et ce même si certaines pratiques incluent bien une partie « armes » (y compris armes blanches). Le sujet est effectivement vaste, et j’aimerais bien avoir quelques témoignages, C.R. ou interviews à faire partager, de différentes « obédiences ».
      Merci pour le commentaire et à très bientôt !

      G.

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