Comme annoncé sur le site du Himei dôjô, se tenait au dôjô Masamune à Paris un petit stage de Kokodô jûjutsu sous la direction d’Eric Anfrui. Ce n’est pas la première fois que je pratique sous sa direction dans la discipline, et, j’ai même eu la chance de pouvoir subir la technique de soke Irie, directeur de l’école, il y a peu de temps. Cette fois-ci, je suis parti sur ce petit entraînement estival, en ramenant quelques amis à qui j’avais envie de faire connaître la discipline.
Le dôjô Masamune a donc vu affluer une vingtaine de stagiaires, dont quelques élèves d’Eric, qui ont pu servir de relais auprès des non-pratiquants (au passage, qu’ils en soient remerciés), dont certains venaient d’assez loin de la région parisienne, mais d’horizons martiaux assez proches, au final. Une grosse dizaine de pratiquants, dans un petit dôjô par un temps comme celui de dimanche, orageux et lourd à souhait, ça laisse présager de la sueur. Et Eric a en plus donné un « petit » rythme en variant les angles de découverte pendant 3 heures, ce qui n’a rien arrangé de ce côté-là. Mais passons.
Après un échauffement rapide (les techniques seront amenées relativement progressivement par la suite), Eric rentre tout de suite dans le vif du sujet. Le premier point qu’il aborde est le dégagement sur une saisie de type katate dori (saisie du poignet directe), nukite, à une distance relativement courte, démonstration à l’appui. L’occasion d’insister sur deux points qui ont parfois tendance à « échapper » aux pratiquants : le premier est que le poignet n’est pas le bras – ce qui modifie la perception de la mobilité – et le deuxième que cette mobilité permet de provoquer la modification de l' »assise » de la saisie de l’opposant, et de l’affaiblir de manière importante. Application sur une technique sur deux niveaux (à genoux-debout) que j’ai déjà pu voir à plusieurs reprises quand j’ai pu pratiquer l’école, Yoko Katate osae dori (shodan). Il s’agit d’une technique qu’en aïkidô on appellerait hammi handachi waza shiho nage ura, mais dont la forme « canonique » proposée par Eric diffère sur plusieurs points avec celle que je pratique, en particulier sur la création du déséquilibre.
La technique suivante (le balayage est large, puisque les pratiquants sont de divers horizons), ude osae dori (shodan), consiste à engager une clé en Z (qui a dit que ça ressemblait quand même sacrément à un kata dori nikkyo ?) par une action combinée de blocage-saisie d’une main et d’engagement du corps. En plus subtil que je ne semble le décrire : la contrainte venant bien du corps, et non de la main qui saisit, l’action est assez « discrète » (j’y reviendrai)… et efficace. La difficulté principale (enfin pour moi) est bien de ne pas engager que l’épaule seule sur ce type de technique, ce qui donne un appui supplémentaire à Uke, qu’on avait pourtant chercher à supprimer l’instant d’avant (l’appui, pas Uke). Afin de « soulager » les poignets, Eric nous propose par la suite de travailler une projection, une variation technique (henka waza) sur une saisie arrière des deux mains (grosso modo, un ushiro ryote dori nage ce qui le classerait dans la grande famille des kokyu nage en aïkidô). La projection se fait sur le côté (perpendiculairement à la direction d’attaque, si on veut), en « arquant » le bras d’uke (coupe vers le bas), de manière similaire à ikkyô en aïkidô. La projection se fait en « fixant » le poignet d’Uke en bas (et non au sol) et en engageant le corps.
Enchaînement sur une saisie plus contraignante, au col, avec dégagement sur une clé en Z (muna osae dori (nidan)), avec l’aide d’une « ouverture » de la cage thoracique. le dégagement est relativement difficile si l’on cherche « simplement » à jouer avec le bras d’Uke comme si on essorait un torchon. Après nous avoir laissé nous escrimer sur cette technique un petit moment (enfin je dis laissé, mais Eric « tourne » entre les participants pour les corrections et indiquer les points de détails), nous passons à la deuxième projection de l’après-midi, une autre variation technique sur une saisie arrière des deux poignets (même commentaire que plus haut). Cette fois ci, il s’agit « simplement » d’induire un déséquilibre en modifiant l’assise de Uke par une modification des contacts au poignet, et à l’entraîner à la chute en se laissant « tomber » soit-même. Arrivant à la fin de la séance, nous avons pu travailler tsukimi, à savoir un début de neutralisation d’une attaque sur coup de poing direct en utilisant un point douloureux (gakun).
Au final, moins de « dépaysement » pour moi que pour mes amis, mais des pistes de travail extrêmement intéressantes.
Un autre stage d’été aura lieu le 10 août prochain, au même endroit.
Si vous voulez pratiquer avec Eric Anfrui, rendez-vous au Himei Dojo.