Aïki Taïkaï d’Herblay 2012

Note : compte-rendu « rapatrié » de Kwoon.info, sur lequel il a été publié en 2012.

Aperçu de l’évènement – vidéo Paris Kishinkaï

Commençons par une phrase d’introduction. Ce qui vient d’être fait.
Je me suis donc rendu à Herblay pour l’aïki Taïkaï organisé par Léo Tamaki, qui nous proposait cette année un plateau de choix (phrase bateau, mais reflétant la réalité à mon goût). Je tiens à préciser immédiatement que vu le dit plateau, je pensais avoir un problème sur le choix des cours, puisqu’avec deux ou trois assurés simultanément, on avait l’embarras du choix.

Journée 1.
Mon léger retard du premier jour a réglé le premier dilemne : sorti des vestiaires du côté Katori Shinto ryû dont le cours était assuré par Daniel Dubreuil, j’ai opté pour celui-ci (j’avais le choix entre ce cours et celui de Pascal Heydacker). Nous avons donc travaillé des bases de la méthode (gardes (seigan et quatre autres), frappes) sous la direction vigilante de Daniel Dubreuil et de ses élèves/assistants. Ces derniers ont par la suite démontré le premier kata de sabre de la méthode avec explications de Daniel Dubreuil, avec une particularité que je ne connaissais pas : l’un tient le rôle d’élève, l’autre de professeur (j’ai oublié les noms les désignant en japonais dans ce cadre). Nous avons par la suite travaillé une séquence de ce kata (simplifiée), puis pour clôre le cours, les élèves de Daniel Dubreil ont enchaîné la suite des katas de la série initiée plus tôt. Je ne peux pas faire mieux comme descriptif, n’étant pas du tout familier avec cette école qui présente plus qu’un intérêt certain dans le paysage des arts martiaux japonais. Je ne peux donc faire part de mon ressenti, très positif, sur ce très léger aperçu de cette école.
Pour enchaîner, j’ai choisi de rester sous la direction de Daniel Dubreuil, puisque j’ai privilégié la découverte (tout en regrettant de ne pas assister au cours de Toshiro Suga ou à celui de Philippe Grangé, qui avaient lieu simultanément) en voulant découvrir l’aïkibudô. Après un bref descriptif de la discipline avec également un point sur les notions de distance. Le premier travail demandé est justement sur une distance plus courte que la distance ma ai habituelle en aïkidô, avec une conclusion en kote gaeshi : seulement, la façon d’amener le kuzushi n’est pas très habituelle pour moi. Le kote gaeshi se fait dans ce travail en « aspiration », c’est-à-dire en retirant la jambe arrière et non en rentrant sur uke. Travail très intéressant sur les sensations qu’il développe, à mon goût. Par la suite, Daniel Dubreuil a tenu à nous montrer (et à nous faire pratiquer) une des spécificités de l’aïkibudô, à savoir les sutémis, ou plutôt l’un d’entre eux qui ressemble fort à la technique « uki waza » en jûdô. Un bref descriptif : sur un tsuki, tori évite le coup en l’enroulant pour le bloquer sous sa propre aisselle tout en « se laissant aller » en arrière (en gros, il s’agit de profiter du déséquilibre induit), puis entraînant uke, de bloquer l’avancée de ce dernier par sa jambe. J’omets quelques détails, mais je ne me suis pas trop senti dépaysé (ayant un peu pratiqué le jûdô). Le temps est vite passé : déjà 12h.
Comme je m’étais promis d’aller pratiquer « Iwama ryû » un jour, j’ai opté pour le cours de Carlo Van Parys au lieu de celui d’Allen Pittman (arts chinois). Bien qu’étant peu nombreux sur le cours (il est midi, Allen Pittman a réuni pas mal de monde (et c’est normal, j’y reviendrai), et le programme de l’après-midi est loin d’être mauvais), Carlo Van Parys nous a fait montre d’un cours de qualité. Accompagné d’un discours bien loin des **** qu’on peut lire ici et là quand on discute de ce courant. La leçon (basée sur le travail au jo) a été axée sur les bases du déplacement, et sur l’importance de la structure du corps (avec appui sur les gardes ken no kamae et jo no kamae de l’aïki jo). Après quelques suburis, nous avons eu le droit de pratiquer un jo dori sur jo tsuki naname kokyu nage. Carlo Van Parys n’a jamais hésité à faire sentir aux personnes peu familières du travail des armes « Iwama » (donc moi, en particulier) les points sur lesquels insister en se prétant au jeu comme uke et tori. Descriptif bref pour un cours, encore une fois, de qualité, mais qui apporte beaucoup (surtout au débriefing, plus tard, quand on réfléchit aux messages véhiculés).
Sentant la fatigue poindre (et franchement, je me suis très mal organisé question alimentation pour la suite, et ça me jouera des tours), j’ai lâchement séché les cours du milieu d’après midi (à savoir ceux de Marcella Paviot pour l’aïkidô Kobayashi et Jean-Michel Leprêtre pour le Systema – que j’ai observé des gradins).
J’ai ensuite (dans ma quête d’exotisme) enchaîné par le cours d’Allen Pittman (et donc fait impasse sur le cours de Nébi Vural et celui de Marc Bachraty). Et la première impression sur ce monsieur, venant donc du monde des « chinoiseries » est exactement celle employée par Léo dans sa description du personnage : « gentleman guerrier ». Il a axé son cours sur les notions simples de parades-enchaînements-évitements et taille, en privilégiant la notion de protection de la tête et en expliquant systématiquement et clairement ses choix (avec la traduction d’Erwan Cloarec), et assistant toujours ses élèves du jour, parfois dépassés par ce travail un peu particulier et sortant de notre ordinaire. Un excellent moment, qui nous a laissé vidés (et ça aussi, il nous a expliqué pourquoi).
Un peu inconsciemment, j’ai choisi de continuer par Marc Bachraty (et ai donc délaissé les deuxièmes cours de Nébi Vural et de Jean-Michel Leprêtre). Pourquoi ? Parce que j’ai toujours voulu voir le travail de Marc Bachraty et ai toujours raté ses stages pour différentes raisons et que j’étais donc fatigué, ce qui me poussera a ne pas pouvoir assister à l’intégralité de son cours. Descriptif du début (jusqu’à l’abandon par fatigue de moi-même). Nous ayant évité l’échauffement (merci !), Marc Bachraty a commencé à présenter un travail sur la connexion entre tori et uke en fonction des alignements de l’un et de l’autre, sur saisie ryote dori (sortie irimi nage ou tenchi nage par la suite). Et ça a envoyé tout de suite… Surtout que (moi) n’ayant pas de partenaire en raison de nombre impair d’élèves, Marc Bachraty est venu un peu me faire sentir sa technique (gentiment). Disons que je n’ai pas beaucoup touché terre, entre deux chutes . J’ai arrêté peu après, mais je pense que je retournerai le voir, dès que l’occasion se présentera.
Bilan de la journée : pas de point noir (sauf les problèmes de choix), et une saine fatigue.

Journée 2.

Cette fois-ci, j’arrive à l’heure.
J’étais parti pour découvrir le jujitsu brésilien avec Akio Long, mais celui-ci n’était pas là, contrairement à ce qui était prévu, et c’est Allen Pittman qui a été promu remplaçant (de luxe, il faut le dire). Au temps pour les cours de Tanguy le Vourch et de Marcella Paviot (ça sera pour une autre fois : comme je l’ai dit, le problème de ce Taïkaï est sa qualité : le choix, le choix et surtout le choix) : je repars voir Allen Pittman. Cette fois-ci, Allen Pittman a voulu nous faire profiter de ses connaissances en … lutte celtique (que l’on retrouve dans les luttes régionales de Cornouailles, irlandaise et bretonne (le gouren)). C’est bien loin des arts chinois de prime abord, mais Allen Pittman nous a fait part de ses convictions historiques sur les liens entre l’Occident (Celtes) et l’Orient (populations de Chine antique) par l’intermédiaire des Scythes. Et après un échauffement un peu particulier (mais loin d’être idiot), Allen Pittman nous a fait travailler des clés de jambes après une garde de lutte celte. On est loin de l’aïkidô tel que nous le connaissons, mais toujours dans la préoccupation d’Allen Pittman d’efficacité et de contrôle du corps. Je n’ai pas regretté son cours, loin de là.
Enchaînement par le cours d’Aunkaï dispensé par Tanguy le Vourch (et donc pas de cours avec Julien Coup ou Brahim Si Guesmi). Ce n’est pas une découverte, car je connais un tout petit petit petit peu la discipline pour l’avoir pratiquée un après-midi sous la direction d’Akuzawa sensei (son fondateur), mais je ne jugeais pas inutile du tout d’aller essayer de remettre en pratique ce que j’avais entendu et essayé de pratiquer. Et c’était nécessaire :perplexe: . Tanguy le Vourch, après avoir présenté la discipline aux gens qui ne la connaissait pas encore, a insisté sur les fondamentaux de la pratique : les axes du corps, la répartition de la tension (vous savez, celle qui ne veut pas quitter vos épaules, par exemple) et la respiration. Travail en maho, push out et juji, en passant par jigotai pour les exercices de poussée (en utilisant la colonne comme axe) et en donnant quelques indications précieuses (par le biais d’images qui parlent) a animé un cours de découverte très sympathique, et en finissant celui-ci par quelques applications « martiales », a permis aux pratiquants de décoller un peu du côté un peu austère que j’impute à l’aunkaï (attention, austère, ce n’est pas stérile : je pense que cet art est très très fécond, au contraire, pour la compréhension de son corps et de celui de son vis-à-vis).
Pour finir la journée, j’ai opté pour le cours de Philippe Cocconi (donc pas celui d’Isseï Tamaki), car comme pour Marc Bachraty, « on » me l’avait chaudement recommandé à de nombreuses reprises. Si on pouvait résumer celui-ci (le cours, pas Philippe Cocconi) en quelques mots, je dirais : explosivité et retour au calme, en se basant sur une alternance du travail au ken et à mains nues. Après des exercices « simples », Philippe Cocconi a fait monter peu à peu la difficulté, en axant son travail sur la réactivité « explosive » pour permettre un retour au calme. Donc, déstabiliser fortement l’agresseur pour être soi-même capable d’imposer son rythme. Deux exercices qu’il a proposé sont à mon sens très explicites sur ce point : au ken, sur une attaque shomen, enchaînement sur un yokomen uchi, puis coupe au ventre puis dans le dos. Le yokomen uchi est l’attaque explosive (la riposte qui peut tétaniser), le reste est la technique appliquée avant que l’agresseur ne puisse se reprendre. Le deuxième est un exercice à trois, où un premier agresseur subit un dégagement « explosif » sur saisie (typiquement, un coup aux parties), tori se plaçant « tranquilement » (baisse de la tension) pour placer un kokyu nage sur un deuxième attaquant. Philippe Cocconi a été très disponible, n’hésitant ni à enchaîner quelques démonstrations pêchues avec un de ses ukes, ni à venir corriger ces pauvres pratiquants que nous sommes. Pour ne pas déroger à l’ensemble de ce que j’ai pu voir : à la hauteur de mes attentes, et des directions de travail vraiment intéressantes.
Fin de la journée.

Mon impression globale : une expérience vraiment intéressante, et à recommencer dès que possible. Mon seul regret est de n’avoir pas pu tout tester (choix), mais comme je lui ai dit de vive voix, je remercie vivement Léo Tamaki pour avoir proposé aux pratiquants qui le souhaitaient ce plateau, ainsi qu’aux professeurs pour les cours qu’ils ont pu donner. Cela m’a donné l’occasion de découvrir quelques personnalités et styles martiaux que je ne connaissais pas, et ça ce n’est que du positif.

Un autre point de vue ? On pourra se rendre sur le blog de Julien Coup.

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A propos G.

Pratiquant lambda.
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